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PFE - LE GRAND VERSAILLES

 

Octobre 2013 - Fevrier 2014(5 mois)

Projet encadré par Fabien Duchêne

Collaboration avec Jonathan Nuttin

Site: Domaine de Versailles

Programme : Structure d'accueil touristique

 

 

 

 

VERSAILLES, UN SITE TOURISTIQUE VICTIME DE SON SUCCÈS?

 

 

Le domaine de Versailles, autour de son célèbre château, doit être vu comme dans la continuité des grands monuments parisiens, attirant des millions de visiteurs du monde chaque année. En effet, le château de Versailles reste une destination obligée pour beaucoup d’entre eux. La plupart arrivent par ailleurs au domaine par le biais de la gare rive gauche, terminus du rer C qui peut être vue comme la ligne touristique parisienne, desservant entre autre Notre-Dame-de-Paris, le musée d’Orsay, les Invalides ou encore la Tour Eiffel avant de finir à Versailles.

 

 

La ville propose un certain nombre de curiosités touristiques, la plupart étant en lien et se développant autour du château. Toutefois, les structures d’accueil des touristes sont réduites dans Versailles. Si les gares d’accès sont nombreuses et les voies routières également, quelques hôtels sont répartis dans les quartiers anciens de Saint-Louis et Notre Dame. Les parkings, à l’exception de celui de la place d’Armes, sont majoritairement des parkings de quartier. Enfin, il n’existe pas de grande structure ou grand pôle reservé à l’accueil des touristes.

 

 

Et pourtant, les visiteurs se font toujours plus nombreux dans le domaine de Versailles. Leur nombre augmente chaque année, notamment grâce à de nouvelles offres culturelles d’expositions ou spectacles. La moitié d’entre eux viennent afin de visiter à la fois la splendeur architecturale du Château et de Trianon, et les espaces verts du jardin et du parc. En 2012, ce sont plus de 7 millions de visiteurs qui sont venus au domaine, et 75% d’entre eux étaient étrangers.

 

 

En effet, l’image de Versailles est une image répandue à travers le monde. Au-delà des beautés architecturales et paysagères, c’est également un mythe qui se développe autour de la vie de ce château. Entre les grands évenements et grands personnages de l’Histoire de France et l’image du luxe français par excellence, Versailles se retrouve au centre de campagnes de publicités, films, romans…

 

 

Cependant, les touristes qui se pressent au domaine sont souvent déçus par rapport à l’image d’excellence qu’ils pouvaient espérer en arrivant. Il suffit pour s’en rendre compte de lire les avis de visiteurs sur des sites de partage, où l’accueil de ce tourisme de masse est mis en cause, considéré comme intolérable, parfois même dangereuse.

Quels sont donc les problèmes auxquels il faut se confronter afin d’améliorer cet accueil touristique ?

 

 

LES PROBLEMATIQUES DU SITE

 

 

Le château de Versailles reste avant tout un patrimoine historique de grande importance. S’attaquer à un projet dans ce site, c’est se confronter à de nombreuses problématiques patrimoniales, telles que les questions de conservation et mise en valeur des perspectives actuelles sur les différents édifices du domaine. Il s’agit également de respecter ce bâti tout en ayant pour but d’améliorer l’existant.

 

 

Comme évoqué précedemment, le second problème réside en la gestion de l’accueil touristique. Il faut en effet repenser un parcours qui se doit d’être évident pour les visiteurs, tout en leur évitant d’interminables queues aussi bien pour l’achat des billets que pour rentrer dans les salles après un passage de sécurité. Aujourd’hui par exemple, les visiteurs se retrouvent perdus dans la cour d’honneur, ne sachant où aller, et devant enchaîner une queue devant l’aile des ministres s’ils ne sont pas munis de tickets d’entrée, puis en serpentin devant l’édifice temporaire en bois de « La corne d’abondance » afin de faire vérifier leurs sacs. En haute saison, cette attente cumulée peut atteindre les 4h. La cour d’Honneur ne se présente pas, de plus, comme la meilleur des zones pour attendre. En pente, sur les pavés irréguliers, soumise aux conditions météorologiques de pluie ou grand soleil, elle ne représente pas la zone d’attente agréable qu’il faut pouvoir proposer aux touristes.

 

 

Enfin, l’offre culturelle actuelle du château n’étant pas exploitée à son maximum, les parcours de visite sont vite saturés et rendent la découverte désagréable. Enfin, la place des voitures face au domaine est un problème récurant revenant depuis des années dans les débats entourant entre autre la requalification de la place d’Armes. Son parking en plein air se présente en effet comme une importante nuisance visuelle dans la perspective du château, et réduit, du fait de cet espace contraint, les possibilités d’accueil. De plus, les voies d’accès et les routes autour du château se présentent comme une rupture dans le cheminement piéton des visiteurs, et un danger potentiel, en plus de ne pas permettre le lien entre le château et son environnement proche, des Grandes Ecuries notamment.

LES CONCEPTS D’INTERVENTION

 

 

La grande question face à ces problématiques est la suivante : comment gérer le nombre important de visiteurs attendant de rentrer dans les salles anciennes du château ? Comment occuper leur attente ? Le concept est le suivant : il faut fixer ce temps d’attente, définir, comme dans des attractions, l’heure à laquelle l’entrée dans le château devient possible. Cela permet à la fois de réguler les entrées progressivement dans les salles et d’en désaturer les flux, et de faire connaitre au visiteur le temps d’attente qu’il lui reste. Il faut par la suite lui proposer des activités afin d’occuper ce temps d’attente, qui peuvent être de plusieurs sortes.

 

 

Tout d’abord, l’attente peut être utilisée à des fins culturelles. Avant de vister le château, le touriste peut en profiter pour découvrir une partie de l’Histoire de France dans ce qui devient l’extension du Musée de l’Histoire de France qu’est le château de Versailles. En effet, il est trop souvent oublié que, depuis 1830 et Louis-Philippe, le château a perdu son image de résidence royale pour devenir le musée de l’histoire de France, et accueillir peintures et sculptures illustrant les grands personnages et evènements de l’histoire nationale. Le domaine de Versailles veut aujourd’hui en faire un élément fort de son offre culturelle, en partie dans cette idée d’offrir de nouveaux parcours de visite et désaturer les grandes salles.

Cette extension du musée de l’Histoire de France est également la nouvelle entrée vers l’ensemble des parcours de visite, aussi bien les nouvelles salles que les salles du château elles mêmes. C’est en cela que son grand hall sert à répartir les flux après un passage sous-douane de vérification de sécurité qui permet par la suite de se rendre partout dans le domaine.

Les collections proposées peuvent être celles de salles d’exposition temporaires, ou celles des salles permanentes réparties selon deux thèmes. Les salles anciennes du château retrançant, avec le regard du XIXème siècle, la chronologie de notre histoire jusqu’au milieu du XIXème, les nouvelles salles doivent proposer de compléter cette chronologie, en particulier à travers le XXème siècle.

De plus, d’autres salles, plus ludiques, reprennent les intentions muséographiques de nombreuses expositions des dernières années : se tourner vers la culture populaire afin d’avoir le regard de notre siècle sur certaines thématiques. Ainsi, ce sont de nouveaux médias tels que les films, la BD, des extraits musicaux, affiches, jeux… qui peuvent éclairer des évènements de l’histoire, des guerres ou règnes et leurs personnages mythiques.Enfin ce musée doit proposer des programmes supplémentaires tels que des ateliers, salles de projections, espaces de détente et possède ses espaces de gestion et maintenance, avec des reserves pour les œuvres et des zones de livraison en lien direct avec la rue.

 

 

L’autre type d’activité proposé aux visiteurs est de nature commerciale. Proposer des restaurants avec leur terrasse extérieure et couverte, ainsi qu’un ensemble de commerces, c’est s’adresser à la fois aux touristes qui voudraient consommer, qu’aux Versaillais qui ne s’approprient pas aujourd’hui cet espace entre la ville et les édifices du château. Les deux vieux quartiers de Saint-louis et Notre Dame possèdent des cœurs dynamique et la place d’Armes, parking et lieu de passage des touristes, n’appartient pas au quotidien des Versaillais.

Ce nouvel espace commercial doit permettre de requalifier ce site dans son environnement urbain.

 

 

La seconde question à laquelle il faut répondre est le fait de se confronter à un lieu contraint de par son important patrimoine. La solution adoptée est de profiter de la topologie du site (une différence de 12m entre la fin de l’Avenue de Paris et le pied du Corps central du château) afin d’en occuper la pente par un projet souterrain. Le fait de creuser la place d’Armes et la cour d’honneur permet en outre d’apporter une réponse à la question de la gestion des voitures. Comme évoqué depuis des années, un parking souterrain apparait comme la meilleure option d’accueil des véhicules, et un passage dans un tunnel pour les voitures contournant le château, une façon de libérer l’espace piéton depuis la fin de l’Avenue de Paris.

Cette utilisation du sous-sol permet également d’apporter une plus-value à travers des programmes supplémentaires. D’un côté il faut accueillir des activités en lien avec celles du musée, le personnel et ses bureux, et proposer un centre de documentation et de recherche sur l’histoire de France avec des bibliothèques et archives.

 

 

De l’autre, il faut profiter de l’image de marque du château pour attirer un autre type de tourisme : le tourisme d’affaire. De l’autre côté de la rue se trouve le Palais des congrès de Versailles qui exploite déjà cette mythologie (avec des salles Richelieu, Mazarin, Le Nôtre….). Créer un sorte d’extension à travers un pôle évenementiel est une autre façon de « vendre le château » en proposent des auditoriums, salles de sous-commissions ou encore un grand plateau pouvant accueillir des salons. 

 

 

LES CONTRAINTES

 

 

Un tel projet se retouve confronté à des contraintes propres au site particulier. En effet, face à ce haut lieu patrimonial, il faut créer un lien avec ce site historique en en comprenant le récit.

De plus, le fait d’en utiliser le sous-sol demande une connaissance archéologique de ce qui peut s’y trouver actuellement. D’après nos recherches et les documents généreusements confiés par l’EPV, il ne semblerait pas avoir de grandes traces bâties dans le sous-sol. Les traces étudiées concernent en particulier la zone de re-construction de la grille royale, avec des traces de différentes époques qui ont permis de la restituer au plus proche de l’existant.

Enfin, ces deux contraintes mises en rapport, il faut imaginer un projet souterrain mettant en valeur un site aérien d’exception. Le lien visuel ne doit pas être perdu entre le nouveau sous-sol du château créé par le projet et les façades anciennes de l’édifice. Ainsi, par des jeux de transparence, le visiteur ne doit pas perdre de vue ce pour quoi il est venu.

LE PROJET

 

 

Comme nous l’avons vu, le projet doit s’inscrire dans la continuité du plan et de l’histoire du domaine de Versailles. En effet, le château s’inscrit aujourd’hui au cœur d’une ville qui s’est construite autour de lui, selon les plans royaux. Cette forme urbaine est très spécifique avec la patte d’oie qui trouve son origine au centre de la grille royale. L’étude des axes dessinant ce plan particulier a permit de trouver les lignes directrices du projet qui « finit » cette patte doie, et par ces axes, recréer des liens avec l’environnement proche du château. En effet, les Ecuries qui lui font face doivent être prises en compte. Les bureaux de l’EPV sont en cours de déménagement dans les Grands Communs récemment restaurés. Les espaces ainsi dégagés dans la Grande Ecurie sont soumis à un appel d’offre qui semblerait amener à l’aménagement de boutiques de luxe en rez-de-chaussée. De l’autre côté, la Petite Ecurie accueille la Gypsothèque, offre culturelle de grand intérêt, qui s’ouvre de plus en plus au public.

 

 

Imaginer aujourd’hui un projet au château de Versailles, c’est s’inscrire dans le chantier perpetuel qu’a été le domaine. Le château de Versailles a en effet évolué à travers les siècles et les projets des rois successifs, améliorant et rénovant l’existant, s’étendant toujours au-delà du bâti en place. La composition actuelle du château est donc un palimpseste de projet auquel s’ajoute d’ailleurs aujourd’hui un nouveau. Il s’agit de la rénovation du Pavillon Gabriel qui accueille les touristes individuels. Ce projet, mené par l’agence Dominique Perrault, doit jouer le rôle que joue actuellement « la corne d’abondance » en ajoutant des programmes à ses étages. Le chantier, débuté en octobre, consiste également à s’installer en souterrain de la cour des Princes et utiliser le sous-sol du Pavillon, espace auquel notre projet vient se relier pour accéder au château.

Le projet, implanté entre les Ecuries et le château se présente comme un nouveau paysage de place avec une graduation progressive vers la grille d’Honneur, réelle porte d’entrée dans le domaine.

 

 

L’espace piéton est donc libéré à partir de la fin de l’Avenue de Paris afin de faciliter et sécuriser le cheminement des visiteurs, et d’unifier l’espace autour du château. L’accès aux Ecuries en est ainsi facilité. La place retrouve une qualité urbaine dynamique avec l’installation des terrasses des restaurants de par et d’autre de la pente douce qui mène à la grille d’Honneur (4m au dessus de notre niveau de référence). De chaque côté de cette pente, s’étalent les verrières couvrant les terrasses intérieures de l’espace de restauration. Ces verrières accessibles permettent la mise en valeur du cheminement direct vers le domaine tout en ressentant la profondeur du projet souterrain.

 

 

Une fois arrivé dans la cour d’honneur, la circulation reste similaire autour des façades anciennes. Cependant, une fois la volonté de visiter les intérieurs, il faut entrer dans l’emergence vitrée afin de passer la sécurité et pouvoir profiter de l’accès au musée de l’Histoire de France et aux salles anciennes du château.

Autour du grand hall, sous la verrière accessible pour les personnes voulant profiter d’une vue linéaire face au corps central, s’organisent les boîtes des différentes activités ainsi que les salles d’exposition, temporaire sous l’aile des ministres Nord, permanente sous la Sud. En effet, les sous-bassement des ailes des ministres, aujourd’hui inoccupés, et offrant une prise à la lumière par les rues en contrebas, sont utilisés pour accueillir une partie des salles d’exposition.

En parallèle de ce cheminement les programmes additionnels se développent sur la place d’Armes. Ainsi, la terrasse couverte garde un lien visuel avec le château, tout comme l’espace commercial qui se développe autour d’un atrium sous la pente vers le château.

 

 

Enfin, les rues intérieures qui complètent la patte d’oie permettent d’accéder à cet espace commercial, tout en desservant de part et d’autre le pôle évènementiel et les espaces consacrés au personnel du musée et aux chercheurs.

 

Ce projet s’inscrit dans la pente du domaine de Versailles a donc pour but d’améliorer l’accueil et les propositions touristiques aux visiteurs du monde entier tout en offrant aux Versaillais un nouveau centre dynamique au cœur de leur ville.

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